Atelier d’Orgue et de Mélodéon

Adresse : 112 rue Gore

Joseph George déménagea de Pennsylvanie à Kingston en 1842. Après avoir traversé le comté d’Oswego à bord du bateau à vapeur Oneida, il débarqua au quai Counter. Visitant son frère sur l’Île Wolfe, il prit la décision de rester. L’Annuaire du Canada de 1851 le recensa dans la catégorie “constructeurs et entrepreneurs» sur la rue Wellington. Il louait sa maison, située sur la même rue, au propriétaire John Shaw. Il acheta le numéro 9 en bas de la rue Princess en Décembre 1852. Le recensement de 1859 montra que les bâtiments en bois de ce lotissement furent loués par des personnes des classes les plus pauvres, les locataires étant un ouvrier, une veuve, un retraité et un charretier. En janvier 1860, un incendie surgit dans une maison à deux étages, divisée en appartements et un petit chalet à proximité, coûtant la vie à quatre personnes. George possédait toujours des parts dans cette propriété après 1870. En 1854, il acheta un terrain sur le coin Nord-Ouest des rues Wellington et Lower Union, où il établit sa boutique et une cour à bois. En 1855, il possédait aussi un bien locatif sur la rue Rideau. Une annonce dans l’annuaire de Kingston en 1857/58 le décrivait comme «Charpentier et maçon possédant une cours à bois, sur la rue Wellington (près du parc).» Dans les années 1860, il se lança, en devenant partenaire du cabinet de Smith & George, comme minotier et négociant en farine. Ils vendaient leur «célèbre Farine des moulins de Kingston» dans leur magasin sur la rue Wellington. Ce partenariat fut dissous en 1866. En utilisant les termes en vogue à l’époque, le recensement de 1861, le décrivit comme un “mulâtre” tandis que le recensement de 1871, dît “africain”.

Le 1er Janvier 1871, Joseph Reyner et Charles Mee formèrent un co-partenariat, nommé Reyner & Co., visant à exploiter une usine d’orgues et de médoléons base dans un bâtiment en pierre sur les rues King et Princess. Ils réalisèrent rapidement qu’ils auraient besoin de plus d’espace. Joseph George acheta le numéro 211 (aujourd’hui le 112) rue Gore en février 1871. Deux mois plus tard, on annonça qu’il allait bâtir une usine d’accordéon diatonique et deux “résidences” au-dessus sur la rue Gore. Reyner & Co. ouvrit ses portes le 1er juillet. Au premier étage se trouvait la salle d’exposition, de finition et d’accordage, au second, on s’attelait à la fabrication de l’étui et au troisième faisait place aux finitions avec le vernissage et le polissage.

Le bois coûteux, les tours (machines servant à fixer une pièce que l’on veut faire tourner sur elle-même pour la travailler) et les scies à chantourner utilisée pour découper des fines pièces de bois étaient stockés au sous-sol. Quinze hommes furent employés à plein temps. Ils eurent tellement de succès qu’ils gagnèrent deux prix à l’Exposition provinciale à l’automne.

Cependant, en mai 1872, Reyner annonça qu’il se retirait du partenariat pour se consacrer exclusivement à l’accordage et la réparation d’instruments de musique. Joseph George devint le nouveau partenaire et l’usine se renomma C. Mee & Co. L’entreprise produisait des parloirs, des orgues résonnants appelés Voix Célestes, en plus de Mélodéons et Harmoniums.

En 1875, ils ouvrirent un nouvel entrepôt au coin des rues Princess et King pour les présenter. Lors de la Foire Centrale de l’automne, ils remportèrent le premier prix pour leur harmonium et accordéon diatonique (ou Médoléon) et le deuxième prix pour leur orgue. À l’exposition de 1876 à Philadephia, ils présentèrent un orgue et accordéon diatonique, à la fois en bois de rose et avec des pédaliers brevetés Mee & Co. Ils reçurent des médailles pour les deux.

Une publicité, le 21 mars 1879, dans le Daily British Whig informa les lecteurs de leur réserve intéressante d’orgues d’église et de salon, de même que des pianos américains. Ils possédaient un magasin sur la rue Princess, au sein de l’entreprise de machines à coudre Singer, en plus de l’usine et l’entrepôt de la rue Gore. Malgré le succès apparent, l’entreprise fut impliquée, deux semaines plus tard, en Cour de chancellerie. Le défendeur Joseph George, en tant que créancier de l’entreprise, reçu $17,935 et devint l’unique propriétaire de l’entreprise par décision de la cour. Depuis de nombreuses années, les annuaires de la ville le répertoriaient en tant que fabricant de piano et d’orgue sur la rue Gore et préciser, à l’occasion, qu’il vendait aussi des machines à coudre.

Joseph contribua généreusement au bien-être de sa communauté. En 1881, il offrit un orgue d’une valeur de $250 à l’université de Queen’s. L’université plaça son cadeau dans le Convocation Hall. Il soutint également un orphelinat et fut membre actif des Fils de la tempérance pour la plupart de sa vie. En 1902, il fit une présentation devant la Société historique de Kingston sur les changements qu’il avait observés depuis son arrivée en 1842. (Malheureusement, aucune archive de son discours n’a été trouvée). Il mourut après sa seconde femme Abbie, en 1910 et fut enterré au cimetière Cataraqui. On se souvint de lui comme un homme d’affaire à succès et un membre actif de la communauté de Kingston.

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