Adresse : 217 rue Ontario
Période : Après 1950
Le 8 août 1985, la première page enflammée du Kingston Whig-Standard titrait “L’idée de baisers homosexuels anti-nucléaires choque le maire de la ville”. L’organisateur François Lachance expliqua au journal que la cérémonie de 15 minutes ferait clairement des liens entre le mouvement anti-nucléaire et le mouvement gay. Les responsables de la veillée de trois jours marquant le bombardement d’Hiroshima et de Nagasaki étaient heureux de l’ajout de la cérémonie de baisers à leurs autres événements. Malgré tout, comme le Whig le précisa, le maire John Gerretsen et plusieurs échevins “ne voyaient pas ce qu’un échange de baisers entre homosexuels avait à faire avec le désarmement “.
Malgré les plaintes déposées pour motif de «donner à la paix une mauvaise réputation”, la cérémonie alla de l’avant le 9 août avec un discours de M. Lachance sur les marches de l’Hôtel de ville, suivi de 5 secondes d’une étreinte et d’un baiser entre Philip MacDougall et Ford Barker. La foule réagit par des applaudissements et quelques huées. Non seulement la cérémonie attira une foule de 400 spectateurs, mais les photos de ce baiser furent imprimées sur la première page du Whig. Dans un article qui suivit, on expliqua que “ce baiser avait retenti à travers tout Kingston”, et les réponses de la communauté allaient de l’appréciation, à la fascination, à l’indignation.
Le 9 août, la rédaction du journal publia une bande dessinée semblant résumer quelques-unes des réponses plus hostiles. Un des dessins illustrait un avion étiqueté le « Enola Gay Pride » laissant tomber une bombe marquée «SIDA». Et dans l’une des lettres d’une demi-page publiée dans le journal à propos de l’événement, le révérend CG fit le même lien, écrivant que «les homosexuels et les lesbiennes s’embrassant en public ou le désarmement par l’Amérique du Nord dans le visage des idéologies de la Russie communiste sont les produits d’esprits malades ». Le journal rapporta que l’image avait irrité « la plupart de ses lecteurs», deux personnes ayant même annulé leurs abonnements et « plusieurs autres avaient répondu directement au journal pour exprimer leur profonde colère ». Une femme déclara que la photo lui avait donné « envie de vomir », un homme insinua qu’« une nouvelle ceinture de fruits » se développait à la tête du Saint-Laurent, et un groupe de touristes qui avait assisté à la cérémonie a déclaré que cela avait gâché leur tour des bâtiments majestueux de Kingston. Ils concédèrent que les homosexuels « peuvent avoir des droits », mais ils se plaignirent de la publicité. »
Les hommes qui s’étaient embrassés durent faire face, en plus de la critique dans le journal, à des menaces de mort par téléphone. Néanmoins, comme l’édition du Whig du 13 août titra, aucun ne regrettait leurs actions. Le papier rapporta que « MacDougall estimait que le baiser en était une excellente idée car on montrait un acte d’affection symbolisant une coopération pacifique entre les hommes plutôt que de la concurrence. » Une lettre ouverte au Whig rappela le slogan de la guerre anti-Vietnam « faites l’amour pas la guerre », commentant que « pour les hommes, il est plus difficile d’aimer, d’être doux et paisible. Tous les hommes, qu’ils soient homosexuels ou non, ont peur d’être étiquetés bizarres et ainsi aident à maintenir tous les niveaux d’agression ».
Bien que les critiques à propos de cérémonie fussent plus fréquentes et plus entendues que les soutiens, la discussion suscitée par cet événement marquant eut des effets positifs. Lachance fit remarquer que la nombreuse foule de curieux était « un bon signe » car c’est la « meilleure façon de sensibiliser ».
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