LE SPORT FÉMININ

Adresse: 69 rue Union
Période: Après 1950

Le monde du sport féminin a toujours attiré les femmes qui défiaient les constructions de la féminité qui les voulaient hors du terrain de jeu et fermement ancrées dans la cuisine. L’athlétisme de haut niveau exige un engagement intense de temps et d’énergie, imposant à l’athlète de prendre toute une série de décisions qui, dans le passé, les auraient souvent placées loin des normes hétérosexuelles. Comme Donna, un ancien prof d’éducation physique à Queen’s, explique: «Une partie de [la prédominance des lesbiennes dans le sport] se justifie par le fait que vous n’aviez pas à équilibrer votre vie sociale hétérosexuelle à votre vie sportive.»

Beaucoup de joueuses universitaires et les femmes qui les coachaient étaient gays. Il n’était donc pas surprenant que de nombreuses lesbiennes se sentent à l’aise au département d’éducation physique de Queen’s et au sein des équipes sportives interuniversitaires. Bien que le département abritait un grand pourcentage de lesbiennes, un code du silence entourait la question des sexualités «alternatives». Aucune des étudiantes, des joueuses, des instructeurs ou des entraîneuses ne discutaient ouvertement de leur sexualité. Ce phénomène, décrit par Susan Cahn comme «jouer mais ne pas le dire», était, et dans une certaine mesure est toujours, un phénomène courant dans les vestiaires des femmes d’Amérique du Nord.

Donna, cependant, affirme qu’elle n’a jamais connu ce silence comme oppressant et elle se décrit, en fait, comme tout à fait ouverte durant la période au sein département: «Je ne me sentais pas de me lever et de l’annoncer publiquement. De plus, mes partenaires féminines étaient toujours invités par mes patrons – ce qui pour moi était une reconnaissance de la relation… Tout le monde les connaissait, leur parlait, il n’y avait donc pas le besoin de se lever et de l’annoncer aux étudiants afin qu’ils puissent m’identifier comme un modèle, je n’ai jamais eu à le faire parce que tout le monde me connaissait.»

Tout le monde n’était pas au courant dans le département d’éducation physique et le silence de Donna était ainsi interprétée par certains étudiants comme une tentative de maintenir son homosexualité dissimulée. On peut se demander si le département aurait accepté ou non une discussion ouverte sur le rôle des lesbiennes dans le sport. Cette discussion aurait été contestée par les prémisses hétérosexuelles qui dictaient les structures les plus élémentaires, tels que des vestiaires séparés par sexe.

Sans mot ou compréhension des signes tacites indiquant l’appartenance de «L’équipe», les étudiants d’éducation physique homosexuels pouvaient facilement voir le silence autour de la sexualité comme un renforcement du tabou. Julia voulait de tout cœur apprendre l’éducation physique à Queen’s jusqu’à ce que, par son implication avec l’Association Homophile de Queen’s, elle réalisa que «l’homophobie dans le département d’éducation physique finirait par la tuer.» Pour les étudiants voulant assumer publiquement leur homosexualité devait lutter contre une résistance de personnes hétérosexuelles comme de personnes homosexuelles. Ces conceptions sociales des femmes et du sport qui confondaient athlétisme et lesbianisme, poussaient les joueuses hétérosexuelles à défendre leur identité sexuelle contre ces «allégations», tandis que les lesbiennes qui étaient toujours dans le placard préféraient garder le silence pour se sentir en sécurité.

Retour à la carte de l’histoire des gays et lesbiennes

SUIVANTE >