“TRAITER” L’HOMOSEXUALITÉ

Adresse : 146 rue Stuart
Période : Après 1950

Dans le passé, l’équation entre l’homosexualité et les maladies mentales était une idée fausse très répandue chez les gays autant que chez les hétérosexuels. À la fin des années 1800 et au début des années 1900, des sexologues tels que Havelock Ellis commencèrent à se pencher sur le potentiel sexuel des relations entre femmes qui, auparavant, étaient considérées comme des « amitiés romantiques ». Ces notions homosexuelles renversèrent les classements où les gays et lesbiennes devinrent un troisième sexe, défini par une combinaison de désir sexuel pour quelqu’un du même sexe et affichant de manière transgressive la masculinité chez les femmes ou un coté efféminé chez les hommes.

En déclarant l’homosexualité biologiquement prédéterminée et par conséquent incurable, cette information médicale libéra certains «homosexuels» de l’idée qu’ils étaient responsables de leur « condition ». Cependant, le désir de même sexe restait fermement dans le domaine du comportement déviant.

Après la Seconde Guerre mondiale, la définition des homosexuels a changé un certain nombre de fois en réponse à l’évolution des conditions socio-économiques. La notion que les lesbiennes et les gays étaient des personnes mentalement malades ayant besoin de soins psychiatriques surgit à cette époque et persista jusque dans les premières années de la libération homosexuelle. Les “traitements” contre l’homosexualité ont variés, elles incluaient parfois des pratiques extrêmes come la thérapie électrochoc.

George, un homosexuel de Kingston, travaillant, dans les années 1960, dans un institut psychiatrique situé dans une autre petite ville du sud de l’Ontario, se souvient d’administrer des traitements de chocs électriques aux femmes lesbiennes placées à l’hôpital. « Nous avions un très bon supérieur qui disais : ‘Pour l’amour de Dieu, mettez des talons hauts, une robe et sortez par la porte.’ Mais certaines d’entre elles ne pouvez pas et ils (les médecins) frappaient et frappaient sur elles pour essayer de l’éliminer de leurs têtes. »

Alors que certains homosexuels furent contraints à des soins psychiatriques, d’autres y allèrent de leur plein gré pour y trouver de l’« aide ». Maureen, vint à Queen’s en 1969, pour y faire des recherches sur l’homosexualité dans la bibliothèque médicale et la trouva classée comme une maladie mentale par l’American Psychiatric Association . Maureen décrivit son expérience :

« Je suis allé au département de santé parce que j’avais décidé de devenir hétérosexuelle ayant réalisé que c’était une maladie mentale et que je pourrais travailler dessus, puisqu’être un outsider n’était pas du tout agréable. On m’a donc affecté une psychiatre qui me considérait un peu comme un monstre, je pense.
Elle se révéla être une étudiant diplômée en psychiatrie qui m’envoya vers, je suppose, le psychiatre traitant. Je commença à le voir, mais il ne me voyait que sous la condition que nos sessions seraient enregistrées et retranscrites, et qu’un miroir sans tain permette à des étudiants diplômés de nous observer. À cette époque, il y avait de longues listes d’attentes avant d’obtenir un rendez-vous chez un psychiatre, donc ce n’était pour moi pas vraiment quelque chose que je pouvais négocier.

C’était comme ça, ou vous retourniez sur liste d’attente, j’ai donc eu quelques séances assez douloureuses dont certaines avec un grand gars costaud avec une barbe dans la salle avec une caméra vidéo, et euh, je savais que les élèves étaient derrière la vitre, mais c’était vraiment difficile pour moi de parler de mon homosexualité, et euh, de s’ouvrir dans ces circonstances, c’était vraiment difficile. Et bien sûr, il était difficile de savoir si j’étais vraiment lesbienne.

«Eh bien, qu’est-ce qui vous fait penser que vous êtes lesbienne? », « Eh bien, je tombe constamment amoureuse d’autres femmes. » « Eh bien, avez-vous déjà couché avec une femme ? » « Eh bien, non. » « Oh, donc ce qui ne va pas avec vous est que vous avez juste besoin de coucher avec quelques hommes, tout ce dont vous avez besoin est un bon….! » euh , donc pour un moment, c’est ce que j’ai fait.

Je suis allé à la Pub de Queen’s et j’ai ramené des hommes, et je me suis vite rendu compte que ce n’était pas ce dont j’avais besoin. Donc j’ai arrêté d’aller chez ce psy et en a obtenu un autre, et par ce biais je suis tombée amoureuse d’une femme de ma résidence à Chown Hall. J’ai renoncé au psychiatre et à l’idée de devenir hétérosexuelle puisque manifestement après avoir couché avec une femme j’ai compris que c’était vraiment ce que je voulais faire (rires). Tout a commencé par la lecture décrivant l’homosexualité comme maladie mentale et moi qui tentais de corriger ce qui était erroné chez moi. »

Seule l’intense pression des militants homosexuels a forcé l’American Psychiatric Association, d’abroger sa classification de l’homosexualité comme un trouble mental, en 1973. Le manuel de Statistique Canada sur la classification des diagnostics psychiatriques a continué de définir l’homosexualité comme un trouble mental jusque fin des années 1970.

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