Les Sœurs de la Providence et la Maison de la Providence

Addresse : 118 Montreal Street
Époque: 1850-1900

En 1861, Mgr Edward Horan, le quatrième évêque catholique de Kingston, décida que Kingston avait besoin d’un endroit pour les vieilles personnes, les pauvres et les orphelins. L’évêque plaça ses vues sur les Filles de la Mère Gamelin, connues aussi sous le nom de Sœurs de la Providence, qui avaient fondé à Montréal l’Asile de la Providence. Mgr Horan demanda qu’on envoie au moins trois ou quatre Sœurs de la Maison Mère à Kingston pour y fonder une fondation similaire et la Mère Supérieure de Montréal acquiesça à sa demande. Il fut décidé que quatre Sœurs voyageraient, accompagnées par la Mère Supérieure, pour y établir une nouvelle mission en décembre. Les quatre Sœurs étaient : la Sœur Marie du Saint-Sacrement (qui devint la Mère Supérieure et était Franco-Canadienne), la Sœur Marie Andrew (qui était aussi Franco-Canadienne), et les Sœurs Marie Anselme et Marie du Mont Carmel (qui étaient toute deux d’origine Irlandaise).

À leur arrivée à Kingston, le groupe de religieuses fut rencontré par Mgr Horan qui les amena à leurs nouveaux quartiers d’habitation, une maison sur le coin des Rues Montréal et Ordnance. Dans la semaine qui suivit leur arrivée, les Sœurs reçurent déjà quatre orphelins, et ce nombre grandit jusqu’à dix dès leur deuxième semaine à Kingston. Les Sœurs visitèrent aussi les malades à domicile, ainsi que les prisonnières de la Prison de Kingston pour les instruire et les réconforter. En mars de l’année qui suivit, la Maison de la Providence était prête à accueillir des novices, les deux premières furent de Kingston : Catherine McKinley et Anne O’Reilly. La Maison de la Providence étant trop petite vers la fin de sa deuxième année, on décida qu’une maison voisine soit achetée pour être convertie en orphelinat. Elle sera nommée l’Asile de Saint Joseph.

Comme les aumônes étaient la seule source de revenu pour les Sœurs et leur Maison, la vie était souvent difficile et il n’y avait pas toujours assez de nourriture. Heureusement, la communauté de Kingston leur fit des donations généreuses, surtout aux alentours de Noël. Le reste de l’année, cependant, les Sœurs durent dépendre des aumônes pour avoir de la nourriture pour leurs pupilles. La récolte d’aumônes était la tâche la plus difficile des Sœurs, bien pire que s’occuper des malades, car elles devaient voyager parfois pendant des heures dans la campagne pendant l’automne et l’hiver (étant le seul moment où les hommes de Kingston avaient du temps libre pour les conduire). Heureusement, en 1865, un M James Harty aida les Sœurs à recevoir une bourse du gouvernement, en plus de leur offrir beaucoup de nourriture pour Noël.

1866 fut une année extrêmement difficile pour les Sœurs : leur Mère Supérieure mourra soudainement en octobre, à l’âge de 36 ans. Bien que ce soit très dur pour les Sœurs de la Providence, leur nombre grandissait tellement qu’en 1867 il y avait trop de Sœurs pour les accommodations qu’on leur avait données six ans plus tôt. Ainsi les Sœurs durent faire construire une nouvelle maison pour les âgés et infirmes. Cela prit plusieurs années pour récolter les fonds nécessaires, mais à la fin elles réussirent en faisant l’aumône et à travers un bazar en 1871. Malheureusement, avant que la construction de la nouvelle maison puisse commencer, les Sœurs et leurs patients et pupilles durent déménager de la Maison de la Providence à le l’ancien bâtiment du Collège Regiopolis (faisant maintenant parti de l’Hôpital Hôtel Dieu) pendant les mois froids de l’hiver 1871. En octobre, la construction était terminée et, avec l’aide des Sœurs elles-mêmes, le nouveau foyer ne fut ouvert que deux mois plus tard, en décembre, juste à temps pour l’anniversaire de dix ans de l’arrivée des Sœurs à Kingston.

Dû le nombre grandissant d’orphelins et d’infirmes à Kingston, plus d’extensions durent être ajoutées au bâtiment principal au fil des années. La première de ces extensions fut l’Aile St. James, construite en 1892. Puis vint l’Aile St. Joseph, érigée deux ans plus tard. En 1898, la chapelle de la Maison, Notre Mère des Douleurs, fut terminée. Même avec tout cet espace en plus, il n’y avait toujours pas assez de place pour loger tous les orphelins qu’on apportait aux portes de la Maison de la Providence. Les Sœurs achetèrent pour cette raison Sainte-Marie-du-Lac, une propriété appartenant auparavant aux Sœurs de la Congrégation de Notre Dame, en 1904, mais ce ne fut qu’en 1910 que le nouvel orphelinat et la maison pour les novices puissent être ouverts. La maison pour les novices ne dura pas très longtemps dans ces nouveaux locaux et redéménagea assez vite dans la Maison de la Providence. L’orphelinat resta dans Sainte-Marie-du-Lac et en 1930 une nouvelle aile fut construite pour augmenter l’espace. La même année, la Maison de la Providence devenant de nouveau surpeuplée, les Sœurs trouvèrent une nouvelle propriété pour leur Maison Mère et la maison de novices. Cette nouvelle propriété, connue sous le nom de Heathfield, se situait dans la périphérie de la ville et est toujours l’endroit actuel de la Maison Mère de la Providence. Les Sœurs y déménagèrent en décembre 1930 et il y eut immédiatement des plans pour ajouter un nouveau bâtiment sur le terrain : la Chapelle de la Conception Immaculée qui ouvrit ses portes moins de deux ans plus tard, en juillet 1932.

Vers la fin des années 1930, il y eut un déclin du nombre d’orphelins dans l’orphelinat de Sainte-Marie-du-Lac, en part dû au fait que les autorités de l’Aide Sociale décidèrent que les orphelins s’ajusteraient mieux à la société s’ils habitaient avec des familles adoptives ou d’accueil, au lieu de la mettre dans des orphelinats. En 1939, tous les orphelins qui étaient encore dans l’orphelinat furent transférés à la Maison Mère Sainte-Marie-du-Lac, qui au début de la Seconde Guerre Mondiale fut réquisitionné par le Département de la Défense Nationale pour être transformé en hôpital de guerre. Le bâtiment équipé de matériel médical pendant la Guerre, fut rendu aux Sœurs en 1946, qui décidèrent de ne pas essayer de le reconvertir en orphelinat. Les Sœurs décidèrent plutôt de continuer à le gérer en tant qu’hôpital pour les maladies chroniques. Les bâtiments continuent à servir et ont vu plusieurs extensions depuis la Guerre. Le nom actuel est Providence Care.

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Chapelle de la maison de la Providence
Chapelle de la maison de la Providence (1898)
Photo : Sophie Perrad
Maison de la Providence
Maison de la Providence (hospice) (1871)
Photo : Sophie Perrad

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